En patientant avant le p'tit déj' [PV : Yukii Fujita]

Mon corps encore dégoulinant d'eau, je sortis un pied après l'autre hors de la douche. Je passais une main dans mes cheveux mouillés. La flemme de les passer au sèche-cheveux. Et de toute façon, je le faisais jamais, il n'y avait aucun intérêt.
Je tendis ma main droite, pour finalement réussir à choper ma serviette, et enroulais cette dernière autour de ma poitrine. Je m'approchais du lavabo, et entrepris de me brosser énergiquement les dents. Une fois le dentifrice ayant totalement imbibé ma bouche de son goût frais, je crachais, me rinçais, et sortis de la salle de bain.

Je fouillais dans les fringues dispersées autour de mon lit, pour enfin trouver un jean et un sweat-shirt à peu près propres. Je ne me suis jamais vraiment souciée de ma tenue, préférant le pratique à l'esthétique. Et tant pis pour ceux qui n'aimaient pas.
Une fois habillée, je brossais ma chevelure blonde et la relevais en une queue de cheval haute. Au moins comme ça mes cheveux ne me faisaient plus chier. Pourquoi je ne les coupais pas ? Je ne sais pas. Peut-être parce que dans le fond je les aimais bien. Mais peu importe, on s'en fout.

Je regardai l'heure sur l'écran de mon portable, que j'avais pu m'offrir grâce aux nombreuses transactions que j'effectuais au sein de l'école. Dix-huit heures... encore une heure à glander avant de pouvoir aller petit-déjeuner au réfectoire...
Je claquais la porte de ma chambre, tant pis si le bruit réveillait la totalité des autres filles. Elles n'avaient qu'à être moins chiantes. Je m'affalais sur le canapé de la salle commune, après un petit tour par les cuisines, et sirotait le jus d'orange que j'y avais récupéré.

Depuis mon dernier passage à l'infirmerie... c'est à dire, avant-hier soir... j'étais devenue légèrement insomniaque. Sûrement parce que j'avais dû dormir là-bas pendant trois siècles. Et ça me gavait, parce que j'étais toute seule et que je m'emmerdais. Et en plus, même si j'avais en partie retrouvé ma mémoire, j'avais parfois de putains de gros blancs. Et j'arrivais même pas à me souvenir du pourquoi du comment je m'étais fait ça. Et ça me soulais que tout le monde vienne observer mes bleus avec de grands yeux en me demandant avec une voix faussement peine «Oh, Ana', est-ce que ça va ?». Et... bref, il fallait que j'arrête de me plaindre.

Un air renfrogné sur e visage, j'allumais la télé, et tombais sur une série niaise à l'eau de rose. Qui regardait cette daube, sérieux ? Je zappais et rezappais, pour finalement tomber sur un combat de catch diffusé en direct. Je savais que tout était truqué, mais ça pouvait être marrant de regarder des gens se taper sur la gueule. Allez, va pour ça.
Je riais, de plus en plus fort, tandis que les combattants se prenaient un après l'autre de grosses châtaignes en pleine poire. Haha, avec ça je pourrais aisément patienter jusqu'à dix-neuf heures. Et tant mieux. J'espérais qu'entre temps aucun débile vienne me faire chier...

"Vas-y mec, fous lui un pain en plein gueule !, hurlai-je presque en bonne supporter devant ce combat de catch si marrant.
Le catch, c'est cool. Bon, c'est truqué, mais c'est tout de même plus réaliste que ces stupides séries 100% guimauve. Parce que franchement, le coup de foudre, l'amour et toutes ses conneries, moi j'y crois pas trop. Et j'y croirai sans doute jamais.
En voyant le combattant adverse mettre à terre mon favori, je n'ai pu m'empêcher de soupirer et d'insulter fortement le vainqueur.
"Bordel, mais relève toi !", je m'exclamai d'une voix forte.
...Bon, en voyant l'autre mec brandir fièrement le trophée, j'éteignis la T.V, dégoûtée.
Tricheur, va.

Toujours affalée sur mon canapé, j'essayais de trouver une occupation à faire. Après avoir compté et recompté mes doigts histoire de vérifier qu'ils soient tous bien là, je me rendis compte que je m'emmerdais franchement.
Je me levai, et commençai à retourner dans ma chambre. Pour faire quoi ? Aucune idée, je verrais bien.
Tout à coup, j'entendis un bruit. J'ouvris de grands yeux, surprise, pour finalement décider d'aller voir ce qu'il se passait.
Je marchais dans les couloirs, essayant d'être le plus silencieuse possible.
J'étais tellement concentrée à faire le moins de bruit possible, que... BOUM ! Je me pris quelqu'un de pleine face. Oups !
Je m'écartai, et dévisageai la jeune fille en face de moi.
"Excuse moi, petite. "
Je fronçai les sourcils, songeuse.
"Mais dis-moi, qu'est-ce que tu fiches ici à cette heure là de la nuit ? On t'a jamais dit que c'était interdit ?"
Bon, venant de moi cette phrase était assez comique, j'avoue. Mais même, il fallait dire que cette gamine avait l'air trop innocente et niaise pour faire des conneries.
Je perçus un raclement de gorge derrière moi. Houla. Flippant. Je me retournai, lentement, et aperçut deux types qui nous regardaient bizarrement.
"Euh... salut ?", murmurai-je, grand sourire forcé aux lèvres, avant de murmurer à la fille :
"Il se passe quoi ici ?..."
Pas que je pensais qu'elle puisse m'être d'une grande aide vu son air ahuri, mais si elle pourrait me donner une version des faits ça serait déjà pas mal.